Le festival photo de La Gacilly

Pour sa treizième édition, le festival de photographie de La Gacilly a retenu 2 thèmes : le Japon et les océans. Dans le cadre d’un village breton très charmant, les expositions se succèdent dans une scénographie utilisant les jardins, cours désaffectées ou rues toutes en pierres.

Si par définition la valeur artistique constitue le fil rouge du parcours, le mot « militant » en est un pilier sans équivoque : militance environnementale, militance politique, militance humaine. Le mot « mémoire » en est un aussi : mémoire d’un métier (pêcheur), d’un peuple (japonais), d’une action (celle du Rainbow Warrior I).

Les chiffres du festival photo de La Gacilly sont surprenants : un village de 2 200 habitants, 31 artistes pour 600 œuvres exposées, 300 000 visiteurs. La vie économique de cette cité rurale en dépend largement désormais, en témoigne le nombre de restaurants (une bonne douzaine !).

Quelques-uns des artistes japonais exposés

Takeyoshi Tanuma expose quelques clichés pris pour la plupart dans les années 50. A la manière d’un Robert Doisneau à Paris, il a su saisir la jeunesse japonaise dans la mutation sociétale de l’après-guerre, entre tradition et modernité avec une pointe d’américanisation.
Il y a du monde au Japon, beaucoup de monde. C’est surtout la densité de sa population qui est caractéristique. Le travail proposé par

Hiromi Tsuchida a justement été de capter cette densité dans plusieurs cadres : une colline, une piscine, la ville…
Voici 5 ans maintenant, le pays a connu la catastrophe nucléaire de Fukushima. Kazuma Obara nous rappelle à travers ses images de désolation et parfois d’espoir, que l’homme contribue aussi à détruire la planète.

Le monde et sa beauté, malgré tout. Miho Kajioka imagine un monde en couleurs après Fukushima, thème récurrent chez les artistes nippons, dans une scénographie très poétique. Les enfants joueront toujours, les fleurs repousseront, et les paons finiront par revenir…

Sohei Nishino exerce une pratique : celle des « dioramas », sorte de plans d’une ville en 2D, voire 3D. L’artiste assemble des centaines ou milliers d’images et propose un plan de Tokoy ou Osaka avec une lecture non conventionnelle.

Pour en finir avec le Japon, Shoji Ueda propose des portraits (souvent issus de sa propre famille) semblant montrer la société nippone des années 50, 60 ou 70.

Les océans en quelques images

Pierre Gleizes propose une exposition avec des photos prises sur plusieurs années dénonçant les méfaits de la surpêche. Derrière la beauté réelle des images, on s’émeut face aux pratiques qui concurrencent aisément celles de l’élevage intensif des porcs.

La photographe Shiho Fukada nous montre ce qui ressemble, au Bangladesh, à l’exploitation de l’homme par l’homme. Le temps de quelques images, elle nous donne à partager le quotidien de forçats démantelant des navires énormes dans des conditions de sécurité inexistantes pour un salaire de misère. Au fait quel âge ont ces ouvriers ? 20% ont moins de 15 ans.

Olivier Jobard a suivi 3 familles de migrants de leur point de départ à leur point d’arrivée (France, Suède). Et parfois avec un retour à la case départ. Ces parcours sont de magnifiques témoignages su ce qu’est la réalité humaine de ces migrations : drames humains avec des familles séparées et drames économiques avec des familles ruinées. Ils nous rappellent également, surtout en ce moment, que l’accueil de migrants est un acte politique fort.

Guillaume Herbaut enfin nous fait partager la vie de quelques îles morbihannaises en hiver, quand les estivants sont partis et qu’il n’y a plus que 5 écoliers (Hoëdic). C’est aussi ça la France : celle des îles où aucune voiture ne circule.